♦ Episode 1 parue dans le n° 111 de la Revue Musiques Mécaniques Vivantes de l’AAIMM ♦

par Maureen Boissier


L’atelier de Michel Bourgoz est un p’tit coin de paradis (pour reprendre la formule de Brassens).

Un paradis pour les amateurs de musique mécanique autant que pour les curieux, ceux qui aiment prendre le temps de regarder, de se demander à quoi peuvent bien servir toutes ces clés, ces boîtes, ces machines…

Mi boutique d’Ollivanders, le vendeur de baguettes magiques d’Harry Potter, mi atelier de bricolage des compagnons d’Emmaüs, une chose est sûre : c’est une sorte de boîte aux trésors.

L’aventure…

L’aventure Engrenage, initiée par Jonathan Mathis,

débute donc au musée Baud à L’Auberson, plus précisément dans l’atelier de Michel Bourgoz.

Mais prenons ici aussi le temps de la rencontre. Je m’appelle Maureen, je suis vidéaste dans l’agence Vas-y Paulette (Chambéry), et c’est mon baptême de l’air dans l’univers de la musique mécanique.

Pour ce premier épisode, pas de prise de risque : on attaque avec un monument de la restauration de boîtes à musiques.

Vous aurez donc le loisir de découvrir Michel et son équipe, dans leur atelier de travail.

Au programme : l’histoire de l’atelier, la formation qui mène à ce drôle de métier, son avenir, aussi.

Parce que tout l’enjeu du projet Engrenage est là : dresser une cartographie actualisée de la planète musique mécanique, à travers des artisans, des noteurs, des artistes, des collectionneurs, des facteurs…

La restauration, c’est quoi ?

La restauration de boîtes à musiques est une discipline peu connue, et peu pratiquée.

Michel Bourgoz dénombre quelques réparateurs aux États-Unis, et un autre en Angleterre. Cependant, il nuance ce constat en indiquant qu’il ne sait pas forcément s’il y aurait du travail pour plus de monde.

En moyenne, lorsqu’une boîte à musique arrive à l’atelier, elle y reste à peu près un an avant de revenir entre les mains de son propriétaire.

L’occasion, dans ce monde où tout va si vite, de revenir à un rythme d’un autre temps, où l’on savait accepter que tout ne doit pas se faire pour demain, voire pour hier. Retrouver le goût de l’attente, et la surprise de trouver dans sa boîte aux lettres un objet qu’on avait presque eu le temps d’oublier.

Pendant sa cure de jouvence, la boîte à musique passera entre les mains de Stéphanie pour le goupillage du cylindre, entre celles de Paco pour tout ce qui concerne la mécanique, et enfin, entre celles de Michel pour ce qui est de la gamme.

L’enjeu de la réparation étant au delà de la question matérielle, de devoir redécouvrir la mélodie qu’il jouait auparavant.

À Sainte-Croix, on ne trouve plus qu’un seul fabriquant de boîtes à musique, qui réalise désormais plutôt des objets dits « design », afin de moderniser sa gamme. L’artisan a notamment réalisé un genre de vaisseau spatial en forme de boîte à musique, qui joue les morceaux de La guerre des étoiles.

L’après-midi se termine par un petit tour parmi les superbes instruments du Musée Baud, en compagnie d’Arlette et Michel. L’occasion d’écouter différents cylindres, d’ouvrir les instruments pour voir comment ils fonctionnent, et d’évoquer d’autres acteurs du paysage de la musique, dont nous vous parlerons très vite…